Gurdjieff International Review

Une Équipe d'Étude de la Nature

Marchez comme si vous embrassiez la Terre avec vos pieds.  –Thich Nhat Hanh

Mary Stein

I

ls ont besoin de notre attention », a déclaré Paul Reynard alors que nous dessinions des arbres dans un bois il y a environ vingt-cinq ans. Ses paroles sont devenues un rappel qui a finalement conduit à la formation d'une équipe d'étude de la nature, maintenant dans sa cinquième année. Que faut-il pour prêter attention aux vies qui nous entourent dans la nature, dont nous faisons partie ? Nous continuons à explorer cette question, à la fois à « The Woods », notre maison de Travail à la campagne, et à San Francisco.

Notre méthode a été de choisir un aspect du monde naturel à étudier : arbre, fleur, insecte, rocher ou ruisseau qui coule. Nous nous ouvrons aux impressions d'un autre être, comme nous le pouvons, en gardant à l'esprit l'affirmation de Gurdjieff selon laquelle tout est vivant, intelligent et relié à tout le reste. Des découvertes récentes sur l'intelligence et la communication des plantes nous ont également inspirés.

En ville, nous avons apporté des plantes pour les dessiner, les peindre ou écrire à leur sujet. Nous avons découvert dans le quartier un jardin de trottoir accueillant, et dans la rue des arbres dans diverses attitudes éloquentes. Dans un conteneur sur le toit, nous avons planté des bulbes et des succulentes. Pendant les week-ends à « The Woods » ou pendant les périodes de travail d'été, nous avons tenu des journaux, retournant plusieurs fois par jour à un endroit choisi, pour mieux connaître le grand séquoia près de la cuisine, ou l'étang à l'extérieur de la salle des mouvements. Parfois, nous avons vu que la plante que nous observions manifestait le long de sa seule tige tout le cycle de la naissance à la mort jusqu'à la renaissance, alors que nous essayions de lui donner notre attention et de la dessiner avec précision.

En expérimentant selon le conseil de Gurdjieff : « aime ce que tu n'aimes pas », notre indifférence est rapidement devenue évidente lorsque nous avons choisi une plante ou un animal à étudier que nous n'aimions pas. Avec cette prise de conscience, les efforts continus pour prêter attention à l'individu précédemment évité ont souvent apporté des impressions chaleureuses de respect et de beauté, ainsi que des aperçus vifs de nos attitudes habituelles et des hypothèses non examinées sur le monde naturel.

Le désir de transmettre quelque chose de l'expérience de l'individualité d'une plante nous a conduits à la technique de l'aquarelle, avec ses exigences de précision et de sensibilité, et nous continuons à être interpellés et aidés par cette technique. Nous avons également été guidés dans une pratique d'écriture qui encourage la recherche d'un langage véridique.

Comment se met-on en rapport avec des êtres, autres qu'humains, envers qui on est redevable de sa propre existence, comme on est redevable aux arbres ? Avec cette question à l'esprit, nous avons lu au sujet des coutumes des peuples autochtones, de leurs rituels, de leurs pratiques de salutation, d'écoute et de remerciement pour les plantes, les animaux et la Terre elle-même qui ont soutenu leur existence. Lorsque nous avons expérimenté l'observation de certaines de ces coutumes, il nous est apparu une honte face à notre maladresse et notre manque de proximité, avec un sentiment insaisissable de gratitude et de dette. En observant les plantes, nous comprenions parfois qu'elles nous observaient aussi.

 

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Version Française Traduite par :
     Equipe “Travail et Planète" (Institut Gurdjieff de Paris).

Featured: Numéro d'hiver 2019/2020, Vol. XIV No. 1.
Revision: July 2, 2024