Gurdjieff International Review
P
assons en revue, pour l’instant, l'état actuel du monde et les idéaux actuels des personnes qui dominent pour faire de cette planète un monde meilleur. Vous voyez d'un côté des inventions telles que la pénicilline et de nombreuses autres choses similaires qui sont bénéfiques pour l'humanité, et de l'autre, vous voyez les inventions d'agents destructeurs tels que les gaz toxiques, les bombes atomiques, etc… Pour tout ce qui est inventé de nature bénéfique, il semble y avoir une invention contraire de nature nuisible. L'homme, sentant qu'il peut faire, ne voit pas cette contradiction continuelle. Il ne voit pas qu'il vit dans un monde soumis à un nombre défini de lois qui ne peuvent être changées. C'est comme s'il y avait toujours la même quantité de tout et si une chose est retirée à un endroit, elle réapparaît dans un autre endroit... Cette idée, que nous vivons dans un monde confiné de ce genre, une prison régie par un nombre défini de lois, n'est pas comprise. Le Travail dit, entre autres, que la Terre est une usine à douleur de laquelle une certaine quantité de peine et de souffrance est exigée. Les gens croient que la médecine va éliminer la maladie, mais ce qui se passe en fait, c'est que si un remède pour une chose est trouvé, vous constaterez pratiquement toujours qu'une autre maladie se développe…
Pouvez-vous mentionner une seule loi à laquelle vous êtes soumis ? Je ne parle pas de lois faites par les hommes mais de lois appartenant à cette Terre sur laquelle nous apparaissons pour une courte période. L'une de ces lois est que vous devez manger. Si vous ne mangez pas, vous mourez. C'est une loi. Une autre loi est que vous devez respirer de l'oxygène. Si vous ne respirez pas d'oxygène ou si vous respirez du monoxyde de carbone provenant d'un poêle à charbon, vous mourez. C'est une loi appartenant à cette planète. Pourtant, assez curieusement, nous ne nous considérons pas comme soumis à des lois de ce genre et nous nous imaginons tout à fait libres et capables de faire exactement ce que nous voulons. En d'autres termes, nous ne réfléchissons pas à la nature de nos vies sur cette Terre. Et nous avons l'illusion constante que nous pouvons faire – c'est-à-dire que nous pouvons tout modifier en notre faveur. Et, parce que nous avons cette illusion que nous pouvons faire, nous avons aussi l'illusion toute aussi ferme que nous progressons et que le simple passage du temps signifie que nous allons tous de mieux en mieux et sommes de plus en plus à l'aise. Nous considérons des choses comme les guerres, comme des exceptions, tout comme nous considérons les maladies comme des exceptions, ne voyant pas qu'elles sont la règle et appartiennent à notre niveau d'Être.
Quelle est la sortie de cette prison où ces lois interagissent et jouent constamment sur l'humanité comme un ensemble de projecteurs de couleurs différentes ? Le Travail, les Évangiles et tous les enseignements ésotériques disent la même chose : pour commencer à échapper à ces 48 ordres de lois régissant cette prison planétaire appelée la Terre, l'homme doit cesser de voir la solution finale dans la modification des conditions extérieures mais doit la voir dans sa propre transformation.
Maurice Nicoll, Psychological Commentaries, Londres : Éditions Vincent Stuart (1957), p. 761-762. Certaines phrases et expressions ont été supprimées par souci de concision.
Copyright © 2024 Gurdjieff Electronic Publishing Version Française Traduite par : Revision: June 30, 2024 |