Gurdjieff International Review

La Vie Organique sur la Terre

G.I. Gurdjieff

P

our la science ordinaire, dit-il, la vie organique est une sorte d’appendice accidentel qui viole l’intégrité d’un système mécanique. La science ordinaire ne la relie à rien et ne tire aucune conclusion du fait de son existence. Mais vous devriez avoir déjà reconnu qu’il n’y a et qu’il ne saurait rien y avoir d’accidentel ni d’inutile dans la nature ; chaque chose a sa fonction précise, sert un but défini. Ainsi la vie organique est un indispensable chaînon de la chaîne des mondes ; celle-ci ne peut pas exister sans lui, tout comme lui-même ne pourrait pas exister hors de cette chaîne. Nous avons déjà dit que la vie organique transmet à la terre les diverses influences planétaires, et qu’elle sert de nourriture à la lune, lui permettant ainsi de grandir et de se fortifier. Mais la terre elle aussi grandit, non pas en volume, mais en conscience et en réceptivité. Les influences planétaires qui lui suffisaient à une certaine période de son existence deviennent insuffisantes, elle a besoin d’influences plus subtiles. Pour recevoir ces influences plus subtiles, un appareil récepteur plus subtil lui-même est nécessaire. La vie organique doit donc évoluer pour s’adapter aux besoins des planètes et de la terre...

La vie organique sur la terre est un phénomène complexe, car tous ses éléments dépendent étroitement les uns des autres. La croissance générale n’est possible qu’à la condition que croisse 'l'extrémité de la branche'. Ou, pour parler de manière plus précise, il y a dans la vie organique des tissus qui évoluent et d’autres qui leur servent de nourriture et de milieu. De même il y a, dans les tissus en évolution, des cellules qui évoluent et d’autres qui leur servent de nourriture et de milieu. Et chaque cellule en évolution comporte à son tour des parties qui évoluent et des parties qui leur servent de nourriture. Mais toujours et en tout, il faut se rappeler que l’évolution n’est jamais garantie, qu’elle est seulement possible et qu’elle peut s’arrêter à tout moment et en tout lieu.

« La partie de la vie organique qui évolue est l’humanité. L’humanité, elle aussi, comporte une partie qui évolue, mais nous en parlerons plus tard ; en attendant, nous prendrons l’humanité comme un tout. Si l’humanité n’évolue pas, cela signifie que l’évolution de la vie organique doit s’arrêter, ce qui provoquera à son tour un arrêt dans la croissance du rayon de création. En même temps, si l’humanité cesse d’évoluer, elle devient inutile du point de vue des fins en vue desquelles elle avait été créée, et, comme telle, elle peut être détruite. Ainsi l’arrêt de l’évolution peut signifier la destruction de l’humanité.

P.D. Ouspensky, Fragments d'un enseignement inconnu (1984) Edition Stock, p. 427-429.

 

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Version Française Traduite par :
     Equipe “Travail et Planète" (Institut Gurdjieff de Paris).

Featured: Numéro d'hiver 2019/2020, Vol. XIV No. 1.
Revision: June 29, 2024