Gurdjieff International Review
Toute vie est Une. – Et tout ce qui vit est sacré. – Plantes, animaux et hommes, tous doivent manger pour vivre et se nourrir les uns les autres. – Nous bénissons les vies qui sont mortes pour nous donner cette nourriture. – Mangeons consciemment, en nous engageant à payer la dette de notre existence par notre travail. – Amen. [1]
C
omme Gurdjieff l’expose, tous les modes d'existence dans l'univers peuvent être regroupés par genres, de sorte que chacun permet le maintien d'un autre et à son tour est maintenu par un troisième. Bien que l'homme apparaisse dans le schéma, cela ne se réfère pas à l'homme en tant qu'être individuel ni même à toute l'humanité, mais plutôt à l'Homme en tant qu'Etre avec un type particulier de nature, capable de transformer des énergies d'une qualité correspondante et, par conséquent, de jouer un rôle spécifique dans le maintien de l’univers. Un genre n'est pas défini de la manière dont un biologiste classifierait les plantes et les animaux. Il se caractérise par un niveau d'expérience possible...
Nous avons une étrange propension à considérer la race humaine comme séparée de l'ordre naturel. Nous avons accepté l'évolution de l'homme à partir des primates et toute l'histoire phylogénétique de la vie depuis ses débuts il y a deux ou trois mille millions d'années. Nous reconnaissons notre dépendance à la croûte terrestre pour les matières premières et les énergies nécessaires à notre technologie et à la vie animale et végétale pour notre alimentation ; mais il ne nous vient pas à l'esprit que cette dépendance est réciproque, que nous sommes si étroitement intégrés à l'ordre naturel que nous ne pouvons lui nuire sans nous nuire à nous-mêmes. Pour cette erreur, nous n'avons que notre égoïsme égocentrique à blâmer...
Au cours de centaines de millions d'années, les minéraux de la croûte terrestre ont été concentrés dans d'énormes gisements que nous prélevons maintenant impitoyablement sans penser aux conséquences. Tout au plus, nous craignons que nos petits-enfants se retrouvent privés de sources d'énergie et de produits manufacturés. La vérité est que les grands gisements minéraux jouent un rôle vital dans le maintien de l'équilibre des forces agissant sur la vie à la surface de notre planète, et en particulier sur l'humanité. Nous rencontrons déjà les résultats insolites des perturbations que nous provoquons...
La fine couche intensément active de matière colloïdale qui recouvre la surface de la Terre comprend ce que nous appelons le sol qui a la propriété particulière de permettre à la matière d’être dans les trois états : solide, liquide et gazeux, afin d’interagir avec une forte concentration d'énergie. Le sol représente moins d'un millionième de la masse terrestre, et pourtant, avec la couche superficielle équivalente des océans, il est le théâtre de presque toutes les transformations dont dépend la vie...
Nous savons que notre vie dépend du sol. Les déserts produits par le « viol du sol » sont un rappel constant de l'emprise précaire que nous avons sur la vie. Sans vie, le sol dégénère et perd son caractère dynamique. Sans éléments : air, eau, dioxyde de carbone et sels, le sol périt. Lorsque le sol est « traité » avec des substances incompatibles avec son genre – comme divers agents chimiques que nous utilisons maintenant à grande échelle – sa place dans le maintien de l’équilibre universel est perturbée, et il cesse progressivement de libérer les énergies nécessaires à l'évolution de notre planète. Nous commençons déjà à observer les conséquences de la création d'un déséquilibre écologique au niveau de la nature du sol. Si nous regardons plus profondément, nous découvrirons que nous violons les lois de notre propre existence et comprendrons peut-être que cela doit entraîner son propre châtiment.
L'homme moderne ignore les lois cosmiques même lorsqu'elles lui sont révélées. Il ne voit pas qu'il est déjà impliqué dans les conséquences rétributives de son irresponsabilité. Nous ne pouvons pas plaider l'ignorance, car même si nous sommes incapables de saisir intellectuellement le schéma universel, nous pouvons être sensibles à son fonctionnement grâce à la conscience morale. Des centaines de milliers d'hommes et de femmes sont profondément affligés par ce qui est fait à notre Mère la Terre. Ils peuvent interpréter cette détresse en termes superficiels, mais ils font de grands efforts pour préserver notre patrimoine. Ils comprennent à moitié qu'en empoisonnant le sol, nous introduisons des poisons psychiques en nous-mêmes. C'est un fait observé que tous les pays qui utilisent un maximum d'engrais artificiels sont soumis à un maximum de troubles psychiques. Les gens refusent d'admettre que la connexion n’est pas simplement accidentelle. Ce refus d’affronter la réalité intervient à chaque étape de notre implication dans le processus mondial.
Le genre suivant est celui du règne végétal. Cela est statique. Il produit une gamme extraordinaire de substances. Non seulement tous les éléments chimiques entrent dans la vie végétale sous forme de sels cristallins, mais certaines plantes ont le pouvoir de synthétiser des substances avec une action puissante sur la psyché humaine. Toute la vie sur terre, toutes les possibilités d'expérience dépendent des substances produites par le règne végétal. Nous avons une obligation envers ce merveilleux système biochimique qui maintient l'équilibre de l'air, de la terre et des océans et nous fournit tous nos principaux besoins. Si nous reconnaissons que la destruction des forêts et la perte du plancton végétal due à la pollution des mers – pour ne citer que deux exemples – menacent toute vie sur la planète, nous ne voyons pas que l’humanité va payer le prix de toute cette destruction. Nous commettons la terrible erreur de traiter la nature comme une puissance étrangère, au lieu de reconnaître que nous sommes entièrement impliqués dans le bien-être de la vie végétale de la terre.
John G. Bennett, Gurdjieff: Making a New World (1973) NY: Harper Row, p. 204–209.
[1] Un bénédicité que M. Bennett a créé en 1973 et qui était prononcé avant les repas dans les communautés qu’il a fondées à Sherborne en Angleterre et Claymont Court au USA. Sources : Anthony Blake et Elan Sicroff.
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